AG/10873
Assemblée générale
Soixante-quatrième session
22e et 23e séances
plénières - matin et après-midi
Personne n'est plus responsable du développement
de l'Afrique que les peuples africains eux-mêmes, les États et les institutions
africaines, a déclaré aujourd'hui le Groupe des États d'Afrique par la
voix du représentant de la Tunisie, lors d'une réunion consacrée à la promotion
du développement sur le continent et au Nouveau Partenariat pour le Développement
de l'Afrique (NEPAD), lancé en 2001. En ayant pour principe l'ancrage du
développement du continent sur ses ressources propres, le NEPAD a permis
à l'Afrique de prendre pleinement le contrôle de son destin, a souligné
le représentant de l'Indonésie.
Toutefois, à l'instar de Singapour qui a évoqué un risque réel que le continent reste à la traîne, la trentaine de délégations qui ont pris la parole, ont demandé des ressources supplémentaires et un respect des engagements pris par les partenaires de développement. L'Algérie a été parmi celles qui ont réclamé la mise en œuvre de la résolution de l'Assemblée générale relative à la création d'un mécanisme de suivi pour évaluer la mise en œuvre des engagements pris en faveur de l'Afrique, alors que le représentant du Guyana, au nom de la CARICOM, a estimé que l'Afrique était encore loin d'avoir obtenu l'appui nécessaire pour mettre en œuvre le NEPAD, dans l'aide publique au développement (APD), comme dans le transfert de technologie, la réduction de la dette, les investissements étrangers directs (IED) et les négociations commerciales.
Sur ce dernier point, la communauté internationale a été pressée de conclure le Cycle de Doha, afin de permettre à l'Afrique de continuer sur la lancée de la croissance que le continent connaît depuis les années 2000, soit une moyenne annuelle de 5%, malgré l'impact des crises économiques et financières sur son développement. Il est clair que sans un frein à la grave entorse au libre-échange que constituent les subventions agricoles, les frontières de la pauvreté ne reculeront pas, a notamment dénoncé le représentant du Sénégal.
Le développement de l'Afrique exigeant un renforcement de ses capacités, le représentant de la Chine a promis un appui renouvelé aux pays africains dans le cadre de la coopération Sud-Sud. Le représentant de l'Inde a pour sa part rappelé que son pays avait porté à 5,4 milliards de dollars la ligne de crédit à titre concessionnel ouverte pour l'Afrique, pendant les cinq prochaines années, et permis l'entrée sans quotas et sans contingentement des produits exportés par les 34 pays les moins avancés (PMA) d'Afrique.
Tout comme les crises financière, économique, alimentaire et énergétique, le paludisme, qui continue de tuer un million de personnes chaque année, avec neuf cas sur dix en Afrique, est un autre obstacle au développement qui sape les progrès réalisés ces dernières années. Le paludisme est une maladie des pauvres dont l'impact sur le développement socioéconomique est énorme, a dit le représentant de la Tunisie. Son homologue de l'Éthiopie a estimé le coût de la maladie pour le continent à plus de 10 milliards de dollars par an, celui de la République du Congo à 12 milliards de dollars.
Le représentant des États-Unis a indiqué que l'Afrique consacrait 40% de ses dépenses de santé au paludisme et qu'en s'attaquant à cette maladie, dont les méthodes efficaces de guérison et de prévention sont connues, ces ressources pourraient être utilisées pour lutter contre d'autres maladies particulièrement meurtrières, comme la diarrhée. Le rapport du Secrétaire général sur le sujet souligne d'ailleurs que la mortalité liée à la maladie a été significativement réduite dans des parties d'Afrique où les niveaux d'intervention ont atteint la couverture ciblée et que, dans certains cas, cette baisse avait même été supérieure à celles prévues. C'est notamment le cas en Zambie où le nombre de cas a été réduit de 60%.
En tant que plus grand donateur en général, et dans le secteur de la santé en particulier, l'Union européenne (UE), par la voix de la Suède, a promis de continuer à encourager les engagements financiers pour répondre au paludisme, alors que de nombreuses délégations ont estimé que les conséquences dévastatrices de cette calamité appelaient une mobilisation toujours plus large et plus forte de la communauté internationale.
Enfin, l'instabilité dans certains pays du continent, comme la Somalie, la Guinée, la République démocratique du Congo ou le Soudan, a été évoquée par de nombreuses délégations qui ont souligné que la paix avait besoin du développement pour s'inscrire dans la durée. Paix, développement et protection des droits de l'homme sont liés entre eux et se renforcent mutuellement, a notamment déclaré le représentant de l'Angola.
L'Assemblée générale poursuivra son débat demain à partir de 10 heures.
NOUVEAU PARTENARIAT POUR LE DÉVELOPPEMENT DE L'AFRIQUE: PROGRÈS ACCOMPLIS DANS LA MISE EN ŒUVRE ET APPUI INTERNATIONAL; LES CAUSES DES CONFLITS ET LA PROMOTION D'UNE PAIX ET D'UN DÉVELOPPEMENT DURABLES EN AFRIQUE
Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique: septième rapport complet sur les progrès de la mise en œuvre et l'appui international (A/64/204)
Ce rapport explique que ces dernières années, les pays africains ont, avec l'appui de la communauté internationale, pris plusieurs grandes mesures pour mettre en œuvre les priorités sectorielles du Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique (NEPAD) et se donner de meilleures chances d'atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement.
Il indique que, malgré la crise financière et économique mondiale et sa nocivité, des progrès ont été accomplis dans la mise en œuvre du NEPAD. Le grand problème actuel pour les pays africains est de faire en sorte que la crise financière, aggravée par la crise alimentaire et énergétique latente, n'efface pas les progrès réalisés, et d'éviter aux groupes les plus vulnérables d'être encore plus éprouvés. Face à la crise, la coopération internationale au développement s'impose donc. Le rapport invite les partenaires internationaux du développement, y compris l'ONU, à agir de concert et d'urgence pour atténuer l'effet socioéconomique de la crise et aider les pays africains à remonter la pente vers la mise en œuvre du NEPAD et la réalisation des Objectifs du Millénaire pour le développement.
Il engage les donateurs à tenir leurs engagements d'aide car la crise a rendu plus nécessaire d'accélérer l'exécution des grands programmes de développement socioéconomique. Pour permettre à l'Afrique de maintenir son rythme de croissance et faciliter l'exécution des projets du NEPAD, les partenaires du développement devraient prendre des mesures pour faire aboutir les négociations commerciales du Cycle de Doha.
La section II du rapport met l'accent sur les progrès des pays africains dans la réalisation des priorités sectorielles du NEPAD. La section III illustre le concours de la communauté internationale au développement de l'Afrique. La section IV porte sur l'appui du système des Nations Unies et la section V présente les conclusions et recommandations.
Les besoins de développement de l'Afrique: état de la mise en œuvre des divers engagements, défis et perspectives ( A/64/208)
Le rapport mesure les effets qu'ont sur le développement les crises dans lesquelles l'Afrique se trouve précipitée: crise économique et financière, crise alimentaire, changements climatiques et crise de l'énergie. Il examine également les principaux engagements pris par les États africains et les institutions africaines, les partenaires de développement et les Nations Unies, en faveur du développement du continent, et leur état d'avancement. L'accent est mis sur les engagements pris dans les domaines de la croissance économique durable, du développement humain, de la gouvernance et de la sécurité, de l'aide publique au développement, de l'allègement de la dette, de la libéralisation des échanges et de l'aide au commerce. Le rapport passe en revue les différentes instances de surveillance et souligne que le suivi est indispensable si l'on souhaite atteindre les objectifs internationaux.
Il parvient au constat que les crises sont survenues à un moment où les pays africains connaissent une remarquable croissance économique. L'année 2008 a donc été marquée par un ralentissement en Afrique dans des secteurs clés tels que la croissance économique, le développement agricole et l'élimination de la pauvreté, ainsi qu'en ce qui concerne nombre d'autres indicateurs du développement humain.
Application des recommandations formulées par le Secrétaire général dans son rapport sur les causes des conflits et la promotion d'une paix et d'un développement durables en Afrique ( A/64/210)
Ce rapport relate les progrès accomplis dans l'application des recommandations contenues dans le rapport du Secrétaire général sur les causes des conflits et la promotion d'une paix et d'un développement durables en Afrique (A/52/871-S/1998/318). Les recommandations relatives aux moyens d'aborder les facteurs économiques et sociaux qui sont susceptibles de concourir au développement durable sont traitées dans le rapport parallèle du Secrétaire général sur la mise en œuvre du Nouveau Partenariat pour le développement de l'Afrique (A/64/204) qui doit être lu avec le présent rapport.
Le rapport offre un bref aperçu des principaux faits nouveaux survenus en Afrique au cours de l'année écoulée concernant la paix et la sécurité et présente les graves problèmes que l'Afrique et la communauté internationale cherchent à résoudre pour rétablir et préserver la paix et relever les pays dévastés par un conflit. Il examine également les progrès réalisés en ce qui concerne le renforcement des capacités et l'intensification de la coopération avec l'Union africaine et les organisations sous-régionales et fait le point sur l'appui des Nations Unies à la défense et à la promotion des droits de l'homme en Afrique. En conclusion, en attendant l'examen détaillé des recommandations formulées dans le rapport de 1998 et des nouveaux obstacles à une paix et un développement durables demandé par l'Assemblée générale, la communauté internationale doit, plus que jamais, redoubler d'efforts en Afrique et faire en sorte que les engagements pris soient concrétisés.
2001/2010: Décennie pour faire reculer le paludisme dans les pays en développement, particulièrement en Afrique
Note du Secrétaire généra sur la Décennie (A/64/302)
Ce rapport souligne les progrès obtenus dans la réalisation des objectifs fixés pour 2010 en vue de faire reculer le paludisme. Il se fonde sur les données recueillies pour le rapport mondial sur le paludisme de 2009, qui sera publié par l'Organisation mondiale de la santé (OMS) à la fin octobre 2009. Le rapport présente également les conclusions et les recommandations à soumettre à la considération de l'Assemblée générale.
Le rapport rappelle qu'une lutte agressive contre le paludisme influence nettement le taux de mortalité infantile, toutes causes confondues. D'importantes réductions dans la mortalité ont à présent été démontrées dans des parties d'Afrique où les niveaux d'intervention ont atteint la couverture ciblée. Néanmoins, le paludisme continue de tuer environ un million de personnes par an.
La maladie est considérée endémique dans 109 pays, dont 42 sont situés dans la région africaine de l'OMS. Les pays participant à l'Assemblée mondiale de la santé et les partenaires de Faire reculer le paludisme se sont fixés le but de réduire la morbidité et la mortalité dues à cette maladie d'au moins 50% d'ici la fin 2010, par rapport à l'an 2000, et d'au moins 75% d'ici à 2015. En septembre 2008, le partenariat Faire reculer le paludisme a lancé son Plan d'action mondial contre le paludisme, qui s'aligne sur les meilleures approches techniques recommandées par l'OMS.
Une analyse préliminaire porte à penser que, en 2008, la cible de 2010 était déjà atteinte, ou presque, dans 5 pays africains à savoir l'Érythrée, la Gambie, le Rwanda, São Tomé-et-Principe, la Zambie et à Zanzibar, en République-Unie de Tanzanie.
Toutefois, le financement et les produits de base destinés à la lutte contre le paludisme ont à nouveau augmenté en 2007 et en 2008, par rapport à la période 2000/2006. Il manque encore environ 250 millions de moustiquaires imprégnées d'insecticide de longue durée pour atteindre l'objectif de couverture universelle fixé pour la fin 2010.
La passation de marchés pour des médicaments antipaludiques destinés au secteur public a également augmenté à nouveau en 2008 par rapport à 2006/2007. Par ailleurs, le rapport souligne que tant la résistance des parasites aux médicaments antipaludiques que la résistance des moustiques aux insecticides sont des menaces majeures à l'encontre des objectifs ciblés par la lutte mondiale contre le paludisme. L'utilisation continue d'une monothérapie à base d'artémisinine est un des principaux facteurs contribuant à la résistance des parasites.
Pour atteindre les objectifs ciblés de 2010 par le partenariat de l'Assemblée mondiale de la santé et de Faire reculer le paludisme, les interventions relatives au paludisme doivent viser toutes les personnes au lieu de viser uniquement les enfants et les femmes enceintes. Presque l'ensemble du million de décès annuels dus au paludisme pourrait être évité grâce à une application universelle des outils existants.